Interviewé en novembre dernier, Thierry SIBIEUDE partage son éclairage.
Aujourd’hui, 56% du financement des associations viennent de fonds privés, 44% de fonds publics pour un financement total de 113 milliards d’euros. Ces fonds privés sont d’abord constitués des cotisations des adhérents et des contreparties des services rendus aux membres qui représentent l’essentiel des ressources des associations. Les dons des particuliers sont également largement impliqués (5,4 milliards € en 2022), 41% des dons sont versés en fin d’année, le mois de décembre restant un mois essentiel dans la vie financière des associations. 3 milliards d’€ viennent du mécénat d'entreprises, qui s’engagent de plus en plus en raison notamment de l’importance grandissante de la place de la RSE dans leur politique de développement.
Lorsque l’on dit que « 44% des ressources viennent de fonds publics », cela ne signifie pas forcément que la puissance publique se désengage. Les besoins augmentent et se complexifient en raison par exemple de l’accroissement de l’espérance de vie et du nombre de personnes âgées. Les personnes sans-abri ont de leur côté des besoins liés à la prise en charge de leur santé mentale, leur logement, d’un suivi en matière de réinsertion par l’emploi. Or beaucoup de ces sujets n’étaient pas pris en compte il y a 30 ans.
Dans les causes les plus soutenues, les cinq principales sont l'aide à la protection de l'enfance, la lutte contre la pauvreté, le soutien à la recherche médicale, les animaux, les personnes âgées. Comme je l’ai évoqué, les besoins dans ces domaines augmentent et se complexifient. La puissance publique seule (villes, départements, régions) ne peut y répondre. Même si l’Europe dispose de moyens importants, les dispositifs d’accompagnement qu’elle propose ne sont pas simples à mettre en œuvre, je déconseille de les solliciter pour moins de 1 million d’euros.
L’avenir me semble donc résider dans la complémentarité entre fonds publics et fonds privés.
Rappelons que les associations de solidarité sont de véritables PME même si elles n’ont pas de finalité commerciale. Elles peuvent constituer des actifs, parfois importants, nécessaires non seulement à leur activité de base, mais aussi à leur développement.
Je rappellerai d’abord que la finance est un moyen de créer de la richesse : rouage essentiel de l'économie, elle transforme l'épargne des ménages, des entreprises et des États en « ressources » leur permettant d'investir pour se développer ou surmonter des difficultés ponctuelles. La finance rend possible des projets qui ne le seraient pas.
« La finance à impact, qui représente aujourd’hui 0,45% des actifs sous gestion dans le monde, cherche à servir l’intérêt général ».
Les investissements nécessaires sont évalués à 7 000 milliards de dollars par an pour atteindre les 17 objectifs de développement durable posés par l'ONU en 2015 pour 2030 et la neutralité carbone de l'économie en 2050. Seuls 40 % pourront être couverts par l'argent public. C'est donc bien l'investissement privé et la mobilisation de toute la communauté financière qui permettront de réaliser les objectifs de la transition juste et durable.
L’ESS pèse en France aujourd’hui près de 10 % du PIB et représente 10 % des emplois privés. Ses 3 piliers sont l’ancrage territorial, la gouvernance démocratique, et l’absence de rémunération pour ses actionnaires. La finalité économique de ses acteurs est au service du problème social qu'ils veulent régler. Contributeurs clés de l'intérêt général, leurs actions restent pourtant méconnues. Or l’ESS apporte des réponses aux grands défis à relever : le partage de la richesse, un exercice du pouvoir respectueux de l'environnement et de l'intérêt des parties prenantes, l'urgence climatique et environnementale, la réduction des inégalités systémiques (accès à l'éducation, à la santé, au logement, égalité femmes-hommes…), l'accompagnement des vulnérabilités (perte d'autonomie, handicap ou pauvreté).
Il me semble que l'ESS constitue un vecteur privilégié pour atteindre une société plus juste et plus durable.
Les associations de solidarité représentent 80% des emplois de l’ESS
71130 nouvelles structures ont été créées en 2023
1,5 million d’associations sont en action
Un poids financier de 113 milliards d’euros